(Sources : divers articles de presse, le Bulletin trimestriel de IAL 2016 No 3-4, les communiqués au Congrès de l’Association des Cercles Francophones d’Histoire et d’Archéologie de Belgique, organisé par l’IAL les 18-21 août 2016, l’Exposition Kurth au Musée Gaspar, le Bulletin Communal d’Arlon…)
Au pied du castrum romain est né en 1847 un enfant surdoué, Godefroid Kurth, qui devint le meilleur rhétoricien de Belgique. Après le diplôme au Grade de professeur agrégé de l’enseignement moyen du degré supérieur pour les humanités enseignement littéraire en 1869, il obtint à l’âge de 25 ans le Grade spécial de docteur en Sciences Historiques. En 1873, il fut nommé Professeur extraordinaire à l’Université de Liège et, en 1886, Professeur ordinaire du cours d’Histoire Politique du Moyen Age.
Il fut un proche du Cardinal Mercier et un soutien ardent des débuts de la Démocratie Chrétienne. Après sa retraite, il est nommé Directeur de l’Institut Historique Belge de Rome (ancêtre de Academia Belgica).
Toute sa vie, il a gardé une nostalgie et un amour profond pour sa ville d’Arlon. Il y revint régulièrement, y bâtit une maison, mais sans faire le pas d’y habiter car il préférait vivre dans la banlieue de Bruxelles où il avait accès aux Bibliothèques et à la vie intellectuelle de la Capitale. A sa demande, il fut enterré en terre natale au cimetière de Frassem, mais seulement en 1921 car son décès avait eu lieu en 1916 durant la Guerre. En tant qu’érudit, il avait exprimé le désir d’une épitaphe en latin.
D’origine allemande, il eut toujours un puissant attrait pour la langue, la vie intellectuelle et la culture allemande. Il fut d’autant plus atterré et meurtri de l’invasion allemande de 1914 et des atrocités de la soldatesque dans les villages martyrs de la région.
Comme l’a déclaré le Professeur Francis Balace au Congrès des 18-21 août 2016, organisé par l’IAL à Arlon, « Godefroid Kurth était un homme de son temps, épousant les mentalités et les querelles de son époque », s’engageant avec passion et conviction souvent extrêmes, et important les querelles de l’Université de Liège en terre arlonaise. D’où notamment le conflit avec Emile Tandel et avec l’IAL.
David Colling, Directeur du Musée Gaspar, a résumé ce trait de caractère de Godefroid Kurth : « Il s’est rapidement inscrit dans la lutte entre catholiques et libéraux ». Dans la violence des débats de l’époque, des 2 côtés, « on pouvait en arriver aux mains » – L’Avenir du Luxembourg du 19 août 2016.
Il est rappelé qu’en France, ces mêmes débats et vives querelles ont abouti en 1905 à la loi Emile Combes de séparation des Eglises/Religions et de l’Etat. Quant à l’apport académique de Godefroid Kurth, Jean-Marie Triffaux, Echevin, l’a résumé dans le Bulletin communal d’Arlon : « Il fait figure de pionnier en créant des cours novateurs comme l’épigraphie ou l’archéologie et surtout en créant le premier séminaire de recherche historique».
En conclusion, je ne peux que vous recommander chaudement de visiter l’Exposition Godefroid Kurth au Musée Gaspar. En plus du Fonds G. Kurth de l’IAL, l’Exposition met en valeur de nombreux documents prêtés par les Archives du monde catholique à Louvain-la-Neuve, qui avaient hérité des archives privées de Madame Eva Lavaux, veuve de Godefroid Kurth.
Gilbert Jungen
Président de l’asbl « Les Amis des Musées d’Arlon (AMA) »
Administrateur de la « Fédération des Amis des Musées de Belgique » asbl